Au-delà du cercle polaire… en train

Nuit permanente, paysages immaculés de neige, aurores boréales en hiver ; randonnées sous le soleil à 3h du matin en été : on peut parler de réel dépaysement au nord de la Suède ou de la Norvège !

Je suis allé y passer quelques semaines en hiver, et ce tout en respectant mon budget carbone. J'ai fait l'aller en train en passant par le nord de la Suède, puis je suis redescendu en passant par la Norvège.

Quels trains j'ai pris, combien de temps, quel confort et quel prix, je vous explique !

Première étape : rejoindre Stockholm

Paris → Hamburg

Le trajet jusqu'à Stockholm se découpe en deux parties, d'abord il faut rejoindre Hamburg. De très nombreuses options existent, avec un changement à Köln, ou Düsseldorf, ou Frankfurt, ou Karlsruhe…

Pour ma part j'ai pris l'option Thalys jusqu'à Köln puis ICE de la DB jusqu'à Hamburg, en 1ère. Coût total de l'opération, 128€ (comme on peut voir au dessus des options moins cher existent).

J'ai réservé mon voyage via Trainline : thetrainline.com.

J'ai profité du trajet pour télétravailler, manger, ou simplement admirer la vue avec un grand mug de café apporté à ma place.

Hamburg → Stockholm

La deuxième moitié du trajet se passe en train de nuit, direct d'Hamburg à Stockholm. Deux entreprises opèrent cette ligne : la compagnie suédoise SJ toute l'année, et la compagnie privée Snälltåget (opérateur privé créé par Transdev lors de l'ouverture à la concurrence au rail en Suède en 2006) une partie de l'année seulement.

Les deux options sont réservables sur le site de SJ, qui est disponible en anglais. Les tarifs dépendent beaucoup du confort que vous choisissez, et du remplissage du train.

Attention, cette ligne (relancée en septembre 2022) rencontre un gros succès, et il n'est pas rare que les trains soient complets, et ce plusieurs semaines avant ! Il convient donc d'anticiper. Des billets annulables sont disponibles.

Deuxième étape : le cercle polaire

Une fois arrivée à Stockholm, deux villes tout au nord de la Norvège sont accessibles, Narvik et Bodø, mais chacune via un itinéraire complètement différent. À vous de voir où vous souhaitez aller !

Pour ma part une fois à Narvik je suis allé dans les îles Lofoten en bus (une ligne régulière va de Narvik à Leknes en cinq heures), puis après deux semaines de séjour j'ai volé jusqu'à Bodø (15 min de vol, 60 kg de CO2, donc mon bilan carbone reste raisonnable) d'où je suis ensuite redescendu jusqu'à Oslo. J'ai donc fait une boucle.

Stockholm → Narvik

C'est l'option la plus simple et la plus rapide car un train de nuit direct relie les deux villes chaque jour de l'année, aussi bien été qu'hiver, et ce dans les deux sens.

Le trajet dure 18h, et en hiver débute de nuit, mais comme on dort une grande partie, ça ne parait pas si long. Plusieurs villes majeures du nord de la Suède, comme Kiruna ou Abisko, sont également desservies. C'est un très bon moyen de découvrir cette région, qu'on appelle Laponie !

Le train dispose d'un wagon restaurant où il est possible de manger et de prendre son petit déjeuner. Si vous prenez une place en "sleeping compartment" vous aurez alors accès à une douche, eau chaude, gel douche et serviettes de toilettes sont fournis !

Le réveil est tout simplement magique. On a ouvert les yeux au milieu de paysages désertiques et enneigés, sous -16°C. On a passé toute la matinée à regarder par la fenêtre. Je ne peux que recommander ce trajet en hiver.

La ligne est opérée par la compagnie suédoise VY. Vous pouvez acheter un billet sur le site suédois de VY ou sur le site de SJ. Attention, là encore les billets partent vite et il n'est pas rare que certains jours soient complets, parfois plusieurs mois à l'avance. Comptez une centaine d'euros. En ce qui me concerne, nous avions privatisé à deux une cabine, ce qui nous été revenu à 160€ par personne.

Stockholm → Bodø

Cette option est sensiblement plus longue.

D'abord il faut rejoindre Oslo. SJ opère plusieurs trains chaque jour entre les deux capitales. Là encore le trajet est magnifique en hiver, on longe les lacs gelés au milieu des arbres.

Ensuite on va à Trondheim. Il y a deux trains chaque jour : un la nuit et un la journée. Les billets sont réservables sur VY.

Enfin deux options sont possibles pour rejoindre Bodø, soit un train de jour (je ne l'ai pas fait mais j'ai rencontré des gens qui l'ont fait et qui m'ont dit que le trajet traverse les montagnes enneigées et que c'est super beau), soit un train de nuit.

Les deux trains sont à nouveau réservables sur le site de VY.

Coût en euros du voyage

On a donc :
- Paris — Hamburg : 128€ en 1ère
- Hamburg — Stockholm : 168€ en compartiment "sleeping bed" privatisé
- Stockholm — Narvik : 160€ (sachant qu'on avait privatisé un compartiment à deux)

Ce qui nous fait un total de 456€ pour un trajet tout du long en 1ère classe.

Si j'avais fait la même chose en 2nd (mais sans aller jusqu'aux sièges inclinables, donc en couchette) cela m'aurait coûté 280€.

Le voyage pour rejoindre Bodø étant plus long, il est nécessairement plus cher, comptez 400€ en 2nd.

En avion, le même trajet coûte environ 200€. Et il faut rejoindre les aéroports (sachant que celui de Narvik est à une heure de route de la ville…), et on arrive tard donc il faut rajouter une nuit d'hôtel…

Coût en carbone du voyage

L'intégralité de ces lignes étant électrifiées, hormis le morceau en Allemagne où l'énergie est très carbonée, le reste du voyage émet très peu de carbone grâce au nucléaire français et aux centrales hydro-électriques de la Suède et de la Norvège.

On peut estimer le coût carbone de Paris jusqu'à Narvik à environ 20 kg de CO2.

À titre de comparaison, le même trajet en avion émet 370 kg de CO2.

Conclusion

Respecter les accords de Paris et un bilan carbone individuel de deux tonnes ne veut pas dire arrêter de voyager, loin de là ! Mieux encore, j'ai profité du trajet pour de découvrir des villes que je ne connaissais pas, Hamburg et Stockholm, et surtout j'ai vu des paysages magnifiques, accessibles uniquement en train.

Pour moi l'expérience commence dès que je monte à bord du train à Paris. Lorsqu'on prend le train, tout le trajet fait partie de l'expérience du voyage et participe au dépaysement. Il ne s'agit pas de rejoindre la destination le plus vite possible, mais de voyager, de découvrir d'autres villes, d'autres paysages.

Partir moins souvent mais plus longtemps, pour vivre les voyages authentiquement et en profondeur : une expérience bien loin de ce qui est mis en avant sur Instagram, mais qui ne rend pas plus malheureux, c'est même tout le contraire.

À vous d'essayer ;-) .